ETA la Rochelle en Charente-Maritime - Journée de samedi (matin pour les premiers, fin de journée pour les derniers)
Le contournement par le nord la nuit dernière du Dispositif de Séparation de Trafic du Cap Finisterre, associé à la délicate négociation d’un petit minimum dépressionnaire centré très exactement sur la route des Class40, a conduit ce matin les leaders de l’étape Horta / La Rochelle, qui sont aussi les leaders du classement général provisoire (Alberto Bona sur Ibsa - Ian Lipinski sur Crédit Mutuel et Ambrogio Beccaria sur Alla Grande Pirelli), à venir régater au plus près des côtes Nord de la Galice, dans la baie de La Corogne. Une trajectoire étonnante, motivée par la présence sur la route de La Rochelle d’une zone déventée en cours d’évacuation, et qui fait les affaires des poursuivants, au premier rang desquels Marc Lepesqueux (Curium), sur une trajectoire espagnole similaire, mais surtout, intelligemment décalé au large, du gruppetto composé d’Axel Tréhin (Project Rescue Ocean), Erwan Le Draoulec (Everial) et Alister Richardson (Tquila). Le vent d’Est Sud-Est est attendu dans la journée, qui permettra aux Class40 de mettre le cap en route directe vers la Rochelle. Qui des « Espagnols » ou des adeptes du large démarrera en premier ? Le ralentissement de la tête de course profite naturellement aux retardataires bien repartis cette nuit après leur ralentissement d’hier. Ils reprennent à grandes enjambées les milles perdus, au point de laisser envisager une arrivée groupée des 13 Class40 de la course dans la journée de samedi, au matin pour les meilleurs, et en soirée pour l’arrière-garde.
Options et tricotage
Ultime épreuve pour les 13 Class40 du Défi Atlantique, le contournement d’un petit marasme déventé alangui sous les côtes Nord de la Galice, à la pointe occidentale de la péninsule Ibérique. Alberto Bona et son équipage Italo-Espagnol d’ISBA a été le premier à mettre cette nuit résolument le cap vers les côtes déchirées des parages de La Corogne, aiguillonné en cela par son équipier Ibère, Pablo Santurde del Arco, à l’évidence familier des lieux. Il entraine avec lui les indéboulonnables Crédit Mutuel de Ian Lipinski et Ambrogio Beccaria (Alla Grande Pirelli), véritables sparadraps du Capitaine Haddock qui ne se quittent pas d’une encablure depuis Horta. Ces trois leaders de l’étape, en lutte pour le sacre suprême au Classement Général de La Rochelle, ne s’économisent guère, et lâchent désormais leurs coups sans retenue. Le vent doit rentrer par l’Est, mais dans cette attente, pas question de se laisser happer par les zones de molles en leur Nord. Les trois voiliers tricotent dans les airs instables et évanescents à la côte, prêts à renvoyer en tribord amure dès l’établissement des flux d’Est. Ils seront alors toujours avantageusement placés au vent de leurs poursuivants, eux aussi particulièrement réactifs à la situation. Erwan Le Draoulec (Everial), Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) et Alister Richardson (Tquila) et dans une moindre mesure l’opportuniste Jules Bonnier (Nestenn - Entrepreneurs pour la planète) ont saisi l’opportunité de réaliser un décalage dans le Nord. Ils parient sur l’évacuation de la petite dorsale dans la journée pour s’économiser l’épisode de rase-cailloux espagnol, pour gagner sur un bord le coeur du Golfe de Gascogne. Les gains en milles ne sont pas négligeables et les « Nez ronds » naviguent désormais en une soixantaine de milles. Ils vont maintenir un rythme de course élevé jusqu’à la ligne d’arrivée de La Rochelle qu’ils devraient franchir samedi en journée, groupés, dans un ordre totalement indécis, et avec des écarts qui ne permettent pas encore de désigner le vainqueur au classement général.
Resserrement des lignes
Incertitude chez les scows, et jeux parfaitement ouverts chez les « pointus, les étraves droites et classiques des Class40 ancienne génération. Cinq d’entre eux cinglent en route directe quelques 70 milles seulement derrière leurs camarades à nez ronds, et seulement espacés d’une quarantaine de milles. Jean-Baptiste Daramy (Chocolat Pariès - SCREB), plan Botin de 2013, navigue bord à bord avec Didier Le Vourch sur Vicitan, un Mach40 de 2014, poursuivis sans relâche par Mathieu Claveau et son Prendre la mer, agir pour la planète, un Akilaria de 2009. Dopamine Sailing Team de Florian Gueguen se bat becs et ongles pour éviter la cuiller de bois, face au vénérable de la course, l’Akilaria N°65 de 2008, Yoda à Franz Bouvet. La traversée du Golfe de Gascogne s’effectuera au portant, avec le retour du vent par l’Ouest à partir de demain. Un final aux allures portatives qui va là encore favoriser le regroupement de la flotte pour un joli final Rochelais en mode regroupé.
Ils ont dit :
Erwan Le Draoulec - Everial
« Nous v’la bord à bord avec l’anglais… Pas beaucoup de vent, grosse houle, plus un temps à faire du surf que de la barque de 12m. Tout va bien à bord. »
Mathieu Claveau - Prendre la mer, agir pour la forêt
« Après une journée un peu trop calme, nous nous rapprochons du cap Finisterre. L'occasion de faire une chasse aux oeufs. Nous sommes actuellement dans 13 noeuds de vent et scrutons la météo changeante dans le golfe de Gascogne. La bonne nouvelle est que nous sommes passés 9eme au classement et ça ça fait du bien, on ne lâche rien! »
Marc Lepesqueux - Curium Life Forward
« Bientôt l'heure du Lyophal du soir. Ils ne sont pas si mal. C'est plus simple que les pâtes que je me faisais cuire mais sur nos Scow, ce n'est plus envisageable. L'ambiance est bonne à bord. Nous nous relayons pour faire marcher la bête et sur une trajectoire qui cherche à minimiser l'impact de la perte de notre grand spi A2. Notre route extérieure en est la raison. Encore du chemin à faire et deux grosses transitions de vent de sud 'ouest à sud est puis du sud est avec l'arrivée du vent fort de sud-ouest. Du près et du portant avec du vent. »
Jean-Baptiste Daramy - Chocolat Pariès - SCREB
« On respire mieux maintenant que nous avons de l'air frais...On a passé plus de 10 heures dans du vent très très mou... Le flux de sud est rentré à 22H30... Pile à l'heure des routages... Le vent est en train de se renforcer, ça fait du bien de sentir le bateau bien glisser! Le vent va de nouveau mollir puis refuser. On va faire pour la première fois de cette deuxième étape du près... Puis une dernière bascule de vent et nous finirons au portant sur La Rochelle. J'espère que le vent sera assez soutenu sur ce dernier portant, car avec notre spi maxi en plusieurs morceaux, notre petit spi à besoin de plus de 20 noeuds de vent pour que l'on ne se traine pas… »
Axel Tréhin - Project Rescue Ocean
« Au regard de la grisaille prégnante qui ne nous quitte pas, on pourrait imaginer que l'on avance à pas de velours au pays de la monotonie, mais à y regarder de plus près, pas du tout ! Le vent n'est pas très stable et globalement pas très fort, il y a du boulot pour faire avancer le bateau au mieux sur une mer toujours démesurée en rapport avec le vent qui nous propulse laborieusement.
Nous voilà à moins de 400 nm de La Rochelle et l'on n'est pas mécontents de retrouver un peu de piment dans la bataille navale qui fait rage depuis dimanche. Bon nombre de signaux nous incitaient à suivre la trajectoire de nos prédécesseurs, au parfum de chipironnes et autre polvo, mais l'équipage se satisfait de la cambuse du bord. Aussi et surtout, plus que pour faire différemment "par principe", nous voilà décalés dans le nord pour éviter une trajectoire qui "sent le moisi". Ceux qui ont eu l'occasion de naviguer dans ces parages ont très probablement en tête l'image de la mer mal rangée sur laquelle le vent ne crée pas une ride, le tout dans une atmosphère quasi lugubre de grisaille très sombre chargée d'humidité.
L'on ne doute pas que nos prédécesseurs italo-banquiers ont déjà vécu cette scène, bien entendu on ne leur souhaite pas de la rejouer, mais si sur un instant de nostalgie ils se sentent de revivre ces instants pendant quelques heures, qu'ils en profitent !
Gros succès du petit dej à bord de Madmax, buffet à volonté à base de café / cappucino / lait chaud / chocapic / muesli choco / oeufs brouillés / viande séchée / jus d'orange, pomme ou mangue, les estomacs sont au top !
Arno digère en faisant un sieston, Gwen sur le pont est "à l'attaque Jean-Jacques", et pour ma part j'attends patiemment le prochain posreport en essayant de trouver la bonne trajectoire pour en finir sans trainer en chemin ! »
Alberto Bona - Ibsa
« Tout va bien. Aujourd’hui c’était une journée plutôt tranquille avec de l’air très instable en force et en direction. Mais, c’est intéressant, il faut s’accrocher pour trouver de la vitesse et ce n’est pas simple. On a géré le passage d’une petite dépression au Cap Finisterre et le fait de passer le long de la DST avec les cargos. Après, il y a un long bord le long de l’Espagne avec du vent assez mou. Le vent reviendra ensuite assez vite, ce qui nous permettra de travers er le Golfe assez vite même si, sur la fin, cela semble assez incertain. La météo n’est pas très calée. On ne sait pas trop… L’équipage va bien, le moral est au top ! On ne lâche rien… »
Jeudi 20 avril 2023 - Classement à 16h00 (heures françaises)
Lien classement & cartographie : www.defi-atlantique.com – Mise à jour toutes les deux heures.
1. Crédit Mutuel – Ian Lipinski à 321,7 milles de La Rochelle
2. Allagrande – Pirelli – Ambrogio Beccaria à 322,9 nm +2,3 nm
3. IBSA – Alberto Bona à 324,7 + 3 nm
4. Curium Life forward – Marc Lepesqueux à 344,9 nm +23,3 nm
5. Project Rescue Ocean – Axel Tréhin à 353,4 milles +31,7 nm
6. Everial - Erwan Le Draoulec à 353,6 milles + 31,9 nm
7. Tquila – Alister Richardson à 353,5 nm +34,8 nm
8. Nestenn – Entrepreneurs pour la planète – Jules Bonnier à 380,2 nm +58,5 nm
9. Chocolat Pariès – SCREB – Jean-Baptiste Daramy à 447,2 nm +137,2 nm
10.Vicitan – Didier Le Vourch à 450,4 nm +128,8 nm
11.Prendre la mer, Agir pour la forêt – Mathieu Claveau à 458,9 nm +120,3 nm
12.Yoda – Franz Bouvet à 490,4 nm + 168,8 nm
13. Dopamine sailing Team – Florian Guguen à 493,9 nm +172,3 nm
Comments